La méthode FALC pour des musées plus accessibles

La méthode FALC (facile à lire et à comprendre)
©De Fil en Ecrits
F.A.L.C, ce sigle ne vous dit rien ? C’est normal, la méthode « Facile à lire et à comprendre » n’est pas encore très répandue en France. Née en 2009, elle a pour mission de faciliter l’accessibilité à l’information pour les publics en situation de handicap mental. Le FALC est un outil d’inclusion qui a pour but de traduire des documents classiques en langage simplifié. Les musées et les établissements culturels commencent à y avoir recours pour rendre leurs contenus accessibles à tous les publics.

Qu’est-ce que la méthode FALC ?

La méthode FALC (facile à lire et à comprendre) est utilisée afin de traduire des documents et textes en expression simplifiée. Pour les musées qui se doivent d’accueillir tous les visiteurs au sein d’une exposition, le FALC est un dispositif à adopter.

Les enjeux d’accessibilité des musées

Le principe d’accessibilité universelle est rendu obligatoire par la loi « Pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », publiée en 2005. Un musée doit aujourd’hui rendre ses collections et expositions accessibles à tout le monde. Cette mise en pratique passe par un aménagement des locaux, des actions de médiation culturelle adaptées mais aussi par une signalétique claire. Selon un article de 2018 publié par l’OCIRP (organisme commun des institutions de rente et de prévoyance), 12 millions de personnes sont touchées par un handicap en France. Néanmoins, ces visiteurs restent encore trop éloignés des institutions culturelles. Pourtant, l’accès au patrimoine et à l’art est un vecteur d’émancipation non négligeable qui contribue à favoriser le lien social entre les visiteurs valides et les personnes ayant des difficultés. Le handicap mental impliquant des déficiences intellectuelles souvent irréversibles, il nécessite un accompagnement et des textes adaptés, y compris au musée. Ces personnes présentent des difficultés de compréhension, d’expression et de communication lourdes de conséquences au quotidien. Le label « Tourisme et Handicap » créé en 2001 est attribué aux institutions touristiques qui s’engagent dans une démarche d’accessibilité des locaux et des activités de loisirs et d’art. Un établissement culturel répondant aux besoins des visiteurs handicapés mentaux est généralement signalé par un pictogramme représentant deux visages souriants entrelacés.
Guide du musée des Beaux-Arts de Lyon en FALC
©Site du musée des Beaux-Arts de Lyon

La méthode FALC, un dispositif d’écriture inclusive utile pour tous

La technique dite « facile à lire et à comprendre » a pour mission de traduire des textes et autres documents classiques en version adaptée. Les informations sont alors rendues plus simples, plus accessibles notamment aux personnes présentant un handicap mental. Le FALC est aussi un outil d’inclusion utile pour des personnes dyslexiques ou pour des étrangers qui ne maîtrisent pas bien le français. L’idée n’est pas d’infantiliser ce public en lui imposant la lecture de textes simplifiés à outrance, mais de lui apporter de nouvelles clés de compréhension. Pour reconnaître un texte rédigé en FALC, il suffit de repérer son logo : un petit bonhomme blanc caché derrière un livret sur un fond bleu.
Logo du FALC (Facile à lire et à comprendre)
©Michka B-Wikimedia.commons

Un projet d’inclusion à l’échelle européenne

La méthode FALC est née en 2009 à l’occasion du projet européen Pathways. 8 pays ont ainsi travaillé à la conception d’un dispositif permettant de rendre les informations accessibles aux citoyens handicapés mentaux. De nombreuses associations et institutions relayent aujourd’hui la technique et ont pour mission de la démocratiser. L’organisme Inclusion Europe1 travaille à l’échelle européenne tandis que l’UNAPEI2 (union nationale des associations de parents d’enfants inadaptés) prend le relais sur le sol français. Cet organisme a conçu des livrets numériques pour aider les institutions dans leur démarche d’accessibilité. L’association française des personnes handicapées intellectuelles : Nous Aussi3 a rédigé un ensemble de règles pour concevoir du contenu universel. Il s’agit de la seule institution nationale d’auto représentants pour cette partie de la population. En 2018, un site Internet entièrement réalisé en FALC se donne pour mission de faciliter l’accès à l’information et à la citoyenneté. CAP’acité4 informe ainsi les internautes sur leurs droits sociaux, les mesures de protections et démarches administratives utiles, le tout de manière accessible.
Homepage du site Capacite
©Site de CAP’acité

Les étapes de conception de contenus en FALC

Le site Internet de l’UNAPEI propose un livret numérique regroupant les règles européennes de rédaction pour une information facile à lire et à comprendre. L’agence spécialisée en inclusion numérique Koena5 a récemment mis à jour une nouvelle version de la check-list préalablement déterminée.

Quelques règles d’écriture à connaître pour écrire en FALC

Parmi les conditions à remplir pour pouvoir appliquer le logo européen « Easy to Read », celle de la conception à plusieurs mains est sans doute la plus importante. Un contenu doit avoir été pensé et rédigé par une personne valide en collaboration avec une ou plusieurs personnes en situation de handicap mental. Les noms de tous les participants doivent figurer sur la couverture du document pour le certifier. Le transcripteur FALC reformule une première fois chaque paragraphe du texte initial en discours simplifié. La lecture doit être courte et claire, aller droit au but. Puis, le texte est relu et corrigé par un profil handicapé mental. La grille d’évaluation des documents FALC, rédigée par l’UNAPEI et Koena, est très complète et englobe plusieurs grandes familles de critères : choix des informations, construction des phrases et sélection des mots, illustrations et enfin mise en page. Il est à noter que la première règle apparaissant sur cette liste insiste sur l’implication des personnes concernées dans l’écriture du document.
Un dossier pédagogique sur la Lune en FALC du RMN-Grand-Palais
©Rmn-Grand-Palais

Des musées français davantage accessibles aux visiteurs handicapés mentaux

Il devient de plus en plus courant de trouver des ressources en FALC au sein des musées. Que ce soit sur l’initiative du service de la médiation, de la communication ou du référent handicap lorsque le poste existe, on constate une volonté de l’institution culturelle de se rendre accessible à un public plus large. La Rmn-Grand Palais a conçu plusieurs livrets de visite en version facile à lire et à comprendre, inspirés des expositions temporaires. Au début du document est inscrite une petite présentation succincte du lieu ainsi qu’un résumé de l’exposition visitée. Chaque image est décrite et remise dans le contexte. Le Centre Pompidou met à disposition sur son site web 3 premières brochures présentant quelques informations sur l’histoire du lieu mais aussi sur les collections du musée. Chaque point important est numéroté en gros et gras comme « Les couleurs du Centre Pompidou » ou « Que peut-on voir au musée ? ».
Le livret « Découvrir les collections du musée » en FALC du Centre Pompidou
©Centre Pompidou

Les acteurs du FALC

  • L’association Inclusion Europe: organisation indépendante de personnes handicapées intellectuelles et de leurs familles. Elle a pour but de favoriser la pleine inclusion et autonomie de ces citoyens. Cette dernière a aussi porté le projet européen « Facile à lire et à comprendre ».
  • L’UNAPEI (union nationale des associations de parents d’enfants inadaptés): organisme français militant pour une société inclusive et respectueuse des citoyens handicapés mentaux mais aussi autistes, polyhandicapées et porteurs de troubles psychiques.
  • L’association Nous Aussi: première et unique association française d’auto représentants de citoyens handicapés intellectuels. Elle conçoit des supports de communication adaptés et veille à ce que les droits des personnes concernées soient respectés.
  • CAP’acité: site web entièrement rédigé en FALC ayant pour but de faciliter l’accès aux informations et à la citoyenneté pour les handicapés intellectuels. Il s’agit d’aider cette population à réaliser des démarches administratives parfois complexes.
  • L’agence spécialisée en inclusion numérique Koena: société créée en 2016 par Armony Altinier, consultante et formatrice en accessibilité numérique. Parmi les missions de Koena : favoriser l’inclusion des personnes handicapées par le biais de dispositifs numériques innovants.

Face aux perspectives d’évolution de fréquentation des lieux culturels que représente la population handicapée, les musées se tournent davantage vers ces nouveaux outils et dispositifs inclusifs de communication. La technique facile à lire et à comprendre fait son entrée dans le monde de l’art qui fait appel à des professionnels de la rédaction, formés à la transcription.

Professionnels des musées, n’attendez plus pour me contacter !

Par Ariane Guizard

Publié le 29/04/2022